Limitations et problèmes induits par la séparation
Si d’un point de vue sécuritaire, ça peut se révéler être une bonne chose, il peut y avoir quelques inconvénients à disposer de rails bridés plutôt qu’un seul de forte capacité comme avant. Les rails uniques ne posaient aucun souci et n’en poserait pas non plus à l’heure actuelle (Cf. la séparation en Y de la S12 ci-dessus). Penser le contraire signifie que le marketing a réussi à vous lobotomiser (sans parler de certains sites web qui racontent n’importe quoi)…
Le problème peut apparaître quand on a une grosse charge à mettre sur du 12 V, du genre un SLI avec 5-6 disques durs (+ le reste avec la carte mère, etc.), le tout branché sur le 12V1 car on a pas le choix. Quand les disques démarrent, ils nécessitent un courant plus élevé que le courant normal à cause de l’induction moteur (4 à 5 fois plus grand avec ~2 A par disque dur contre ~0.5 A en temps normal) et le SLI va aussi tirer pas mal. Voici l’exemple d’un disque Seagate au démarrage, on voit la pointe de courant sur le 12 V dans les premières secondes :

Au démarrage, la demande instantanée de puissance peut être telle qu’on dépasse la limite en courant du rail durant quelques instants et celui-ci enclenche la sécurité de surintensité pour protéger l’alimentation. Il devient alors impossible de booter la machine car le 12V1 bride tout à cause de sa limite relativement basse. Si on avait un rail unique avec la pleine puissance disponible, ce problème n’apparaîtrait que bien plus tard si on rajoutait encore des éléments.
Cette implémentation des rails multiples ne plaît pas à tout le monde car elle empêche d’utiliser tout le potentiel d’une l’alimentation et de faire certains montages. Il faut par exemple disposer de certaines options pour faire démarrer un grand nombre de disques durs avec un temps de retard (SATA staggered spin-up) pour éviter une grosse pointe de courant au démarrage et la mise en sécurité directe. Une fois passé le démarrage, ce n’est plus un problème car on consommera beaucoup moins.
On est bridé également dans le cas de l’overclocking du CPU car on n’a droit qu’à 240 W maximum sur le 12V2, dans lesquels il faut compter avec le rendement de l’étage d’alimentation du processeur qui se situe vers 80-85 %. Ca nous donne un processeur consommant réellement 190 W au maximum, ce qui peut être atteint avec les plus gros processeurs Intel à pleine charge et overclockés massivement. Et encore, on est dans le meilleur des cas où l’on dispose de 20 A sur le 12V2 car la majorité des alimentations permettent seulement entre 14 et 18 A sur le 12V2. C’est le cas lors de tests réalisés avec un Pentium 840D dualcore overclocké qui, à pleine charge, met en sécurité bon nombre d’alimentations à double rail bien avant qu’on est atteint la limite du processeur, même avec un 12V2 à 20 A ! Avec une consommation par défaut de ~130 W à pleine charge, la moindre augmentation du Vcore fait exploser sa consommation et l’ATX12V demande plus de 250 W pour nourrir le processeur !
Certaines alimentations comme les Tagan U22 permettent de revenir en norme ATX 1.3 à un seul rail 12 V à l’aide d’un interrupteur, qui modifie juste la sécurité, pour pallier à ce genre de problèmes. Néanmoins, pour une configuration normale, même overclockée moyennement, il ne devrait pas y avoir de souci. Seuls quelques cas très spéciaux avec des overclockings très poussés et des configurations très chargées seront ennuyés par ce système de rails multiples. Un seul rail 12 V sera toujours beaucoup plus souple d’emploi que plusieurs rails bridés…